Extrait du livre :
"La théorie du succès"
Nos perceptions
Nos interactions avec le monde extérieur produisent nos perceptions.
Je me souviens d’une histoire qui reste encore ancrée dans ma mémoire. J’avais 5 ou 6 ans. J’habitais à la compagne, dans un petit village du Rif, au Maroc. C’est un lieu entouré de grandes montagnes à tailles inégales. Nous voyions de temps à autre des troupes de chiens vagabonder çà et là sur les collines. Un jour, en train de jouer avec mes camarades, j’en apercevais au loin quelques-uns qui avançaient dans notre direction. Ils s’approchaient. Je n’avais aucune peur des chiens. J’ai pris une pierre en pensant que je pouvais les faire éloigner avec. Mes amis m’invitaient à fuir avec eux, car ils avaient l’impression que s’étaient des enragés dangereux. Les chiens s’arrêtaient un instant à quelques centaines de mètres de moi. Je restais à ma place, ça me faisait plaisir de montrer à mes amis un tel acte de bravoure. Mais au moment même où j’ai levé mon bras pour lancer la pierre, l’un d’eux, qui devançait un peu les autres, sembla prendre au sérieux cette menace en manifestant un grognement furieux. Puis il s’élança d’un bond gigantesque et effroyable. Une peur incontrôlable m’envahissait. J’allais me fuir, mais c’était trop tard. La vitesse athlétique de cette féroce bête me troublait, je trébuchai, je tombai par terre, j’attendais mon sort, comme une pauvre proie captive. En quelques secondes, j’eus eu à peine le temps de me tourner sur le dos, le chien était déjà en train de me mordre dans la cuisse. Il la secouait violemment de tête comme s’il voulait satisfaire sa fervente rage en m’infligeant le plus de mal possible. Je sentais mal dans tous les sens du terme. À partir de ce moment-là, j’ai eu toujours peur des chiens. J’en garde moins la trace aujourd’hui, car j’ai eu conscience par la suite de la source de cette phobie, qui provient tout simplement de cette histoire que je viens de vous raconter.
Notre comportement est dicté par la façon dont nous percevons les choses. Les perceptions varient d’une personne à l’autre. Ces perceptions elles-mêmes découlent de nos réactions avec l’environnement dans lequel nous grandissons.
La perception que nous manifestons envers le monde extérieur guide notre comportement, notre façon d’être. Une personne qui sursaute en voyant une petite souris et une autre qui l’attrape par la queue n’ont pas la même perception de ce que symbolise la souris. Cela est un exemple simple, mais qu’on peut multiplier à un tas d’actions différentes dans la vie de tous les jours. Nos perceptions ne se mesurent pas forcément par le vrai et le faux. Elles doivent s’évaluer plutôt par leur utilité sur notre comportement. Cela peut nous influencer à adopter des attitudes différentes.
Chacun observe le milieu qui l’entoure avec une perspective distincte. Un journaliste qui croit, par exemple, que le flux des migrants constitue un danger social et économique sur les pays de destination, sa pensée se verra, souvent spontanément, dans son travail. Si on lui demande de prendre des photos, il adoptera une perspective qui montrera ce qui ne va pas dans ce phénomène. Sa perspective se focalisera sur les risques que présentent les migrants, il captera donc des images d’un angle qui donne à penser ce que lui-même pense ; un autre journaliste qui perçoit l’aide aux immigrés, qui fuient les guerres dans leur pays d’origine, comme un devoir humanitaire, s’orientera vers une perspective qui illustrera cette nécessité d’agir à laquelle lui-même adhère.
Les perceptions que nous adoptons, nous pouvons les changer facilement. Une fois que nous arrivons à comprendre comment elles se forment, on peut en détruire et construire librement suivant notre objectif. Le but est de se forcer à avoir une vision positive qui contribuera à maximiser notre épanouissement dans la vie, peu importe la fonction que nous occupons dans la société. Je peux vous citer un exemple, qui montre en quoi notre perception des choses peut nous rendre heureux ou malheureux par ce que nous faisons régulièrement.
Voici une perception qui provoque une influence négative : prenons l’exemple d’un professeur qui voit son métier comme une charge lourde. il doit préparer ses cours, faire face aux élèves difficiles, installer l’ordre dans sa classe, faire travailler les paresseux, leur expliquer plusieurs fois avant d’intégrer la matière, etc. En fait, il n’exécute que des actes éprouvants qui exigent beaucoup d’effort et d’énergie. Enfin, bref, il le perçoit comme un métier pénible et lourd à exécuter. Supposons que ce professeur a une passion dans la vie : il pratique dans son temps libre du théâtre, il aime bien des textes, la langue française, les bonnes paroles, etc.
Une telle perception négative peut être changée en une perception positive. Le métier qui était perçu comme une charge peut se transformer au contraire à un plaisir intense. Pour cela, il suffit de trouver des raisons valables pour apprécier le mieux que possible les tâches de son travail. Une autre façon de percevoir les choses, c’est de se dire par exemple que le fait d’avoir des élèves en classe, c’est simplement avoir un public concret et réel pour exercer sa passion, le théâtre. Ce faisant, on s’attache à des raisons passionnantes, tout en remplissant les responsabilités de sa profession. Dès lors, il peut perfectionner sa manière de communiquer, de tester des techniques, de pratiquer l’art de bien parler, etc. Les préparations des cours peuvent être vues comme, une possibilité d’apprentissage et d’amélioration continue, une perspective de devenir expert en sa propre matière enseignée et de la transmettre avec les meilleures méthodes possible. Les élèves difficiles peuvent être perçus comme une occasion en or pour mettre à l’épreuve son habilité à maitriser des situations conflictuelles ; cela prépare des conditions favorables pour s’entrainer à régler des problèmes avec tact et fermeté. On peut voir cela positivement dans la mesure où cela contribue à construire une personnalité forte, entrainée à faire face aux durs aléas de la vie…
Le professeur, qui a la première perception par exemple, va souffrir dans son métier, les élèves aussi avec lui. Car le stresse, le désarroi, le dégout et tous les autres sentiments négatifs, provoqués par cette perception négative, se transmettent aussi, que ce soit par la communication de la parole ou celle du corps.
Par contre dans la deuxième situation, où la perception est positive, l’enseignant sera épanoui et exercera son activité professionnelle avec beaucoup d’énergie positive et de plaisir, dont les élèves ressentiront également les bienfaits. Tout cela marquera leur apprentissage favorablement.
J’imagine que vous identifiez avec moi à quel point une même situation peut s’alterner entre une source de souffrance ou, au contraire, de joie, tout dépend de la perception qu’on lui accorde. Cette vision positive des choses, on peut la produire soi-même.
On peut penser que la vision du premier professeur, qui voit son métier comme pénible, est logique et véridique. Cela n’est pas aussi évident qu’il en a l’air. Aucune réalité ne porte en elle-même une vérité intrinsèque, sa seule vérité est celle qu’on lui attribue soi-même, sous l’influence, généralement insaisissable, de son interaction avec le monde extérieur. Je regardais toujours les chiens, toutes races confondues, comme des animaux dangereux. On doit se rendre compte que c’est souvent le milieu externe qui crée nos perceptions ; et il faut avoir la certitude qu’on a surtout un pouvoir d’en produire soi-même en toute conscience. Ce qui est important, ce n’est pas la véracité des perceptions que nous adoptons, mais leur utilité sur notre perfection dans ce qui nous occupe au quotidien. Il s’agit de voir le bon côté des choses, tout comme un verre à moitié vide qu’on perçoit plutôt comme un verre à moitié plein.
On a tendance à considérer la façon dont on voit les choses comme logique et naturelle. J’aime bien citer une expression d’Albert Einstein dans ce sens : « il est absolument possible qu’au-delà de ce que perçoivent nos sens, se cachent des mondes insoupçonnés ». L’histoire de l’évolution des sciences montre bien que ce qui apparait comme évident ne l’est pas forcément en vrai. En voici quelques exemples :
La question dans ce que je veux dire par là n’est pas de savoir qu’une perception est vraie ou pas, mais plutôt utile ou pas. Et puisque nos perceptions nagent dans l’incertitude, pourquoi ne pas les prendre comme des pâtes à modeler du moment où elles possèdent du pouvoir sur notre façon d’agir ?
Bien sûr, nos perceptions ne peuvent être changées du jour au lendemain, il faut bien une méthode et de la persévérance, c’est ce que vous allez apprendre progressivement dans ce livre. À ce stade, il faut comprendre que la manière dont nous voyons les choses vient de nos interactions avec le monde qui nous entoure. L’ensemble de ces interactions peuvent donner naissance à ce qu’on appelle des références.
Les références représentent les arguments sur lesquels on se base pour penser ce qu’on pense. Quand on a une idée qui se justifie par plusieurs références défendables, elle devient une croyance. Nos croyances se construisent sur base de nos perceptions, peu importe leurs sources. Un enfant à qui on répète qu’il ne faut pas sortir de la maison, car il y a un monstre derrière la porte, finit par le croire. Beaucoup de nos croyances sont formées pendant notre enfance, certaines disparaissent en grandissant et d’autres se renforcent dans notre conscience et y restent à vie en s’accentuant. Quand on croit à quelque chose, on cherche davantage ce qui consolide la croyance en question.
Une croyance détient plus de pouvoir sur nos actions qu’une perception.
Les croyances, religieuses ou pas, contiennent un pouvoir extraordinaire sur notre comportement, il suffit de voir d’innombrables exemples qui ont marqué l’histoire. Le chapitre suivant vous présentera ce point en détail.